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Les résultats de l’enquête liégeoise sur le sentiment de sécurité

Contexte

A travers son Programme Stratégique Transversal, le Collège a pour ambition de favoriser le vivre-ensemble dans tous les quartiers. Le bien vivre-ensemble comprend la réduction du sentiment d'insécurité, la lutte contre les incivilités tout en permettant au citoyen de se réapproprier l’espace public.

Les lignes directrices de la politique de prévention et de sécurité de la Ville de Liège, sont fixées au travers du Plan Zonal de Sécurité de la Police et du Plan Stratégique de Sécurité et de Prévention conclu avec le Ministère de l’Intérieur.

A ces éléments s’ajoute la politique criminelle déterminée au sein du Conseil Zonal de Sécurité qui rassemble le Bourgmestre, le Procureur du Roi, le Parquet et la Police locale et fédérale.

Un élément non négligeable de cette politique de prévention et de sécurité concerne la volonté du Collège d’intégrer la perception des citoyens dans la prise en compte des problématiques abordées. Au-delà des remarques qui sont formulées lors des rencontres et débats menés avec les comités de quartier et des différents échanges réguliers avec la population (pétition, courriels…), il est important de solliciter l’avis des Liégeoises et des Liégeois.

Evolution du sentiment de sécurité

Pour mesurer l’évolution du sentiment de sécurité des Belges, jusqu’en 2008, le Ministère de l’Intérieur organisait régulièrement une large enquête intitulée « Moniteur de sécurité ». La réalisation de ce type d’enquête à l’échelle du pays, et au vu des réalités particulières des villes, était extrêmement lourde en termes de passation.

Depuis 2014, le Ministère de l’Intérieur laisse aux villes qui le souhaitent le soin d’organiser leur propre monitoring. Pour sa part, il organise une consultation nationale tous les 3 ans. Considérant que la passation d'une telle enquête constitue une source d’informations, représentative du sentiment de sécurité de la population liégeoise, tant la Zone de Police Locale que le Plan de Prévention ont souhaité développer leur propre enquête, intitulée ELISE (enquête liégeoise sur le sentiment de sécurité).

Le Plan de Prévention de la Ville de Liège a réalisé ce type d’enquête en 2014, fin 2016 et fin 2022. Ce sont les agents du Plan de Prévention qui réalisent les questions, sur base des phénomènes repris dans le Plan stratégique de Prévention et de Sécurité et qui en assurent l’analyse qualitative.

Après 3 passations d’enquête, on peut considérer qu’ils ont acquis une expertise particulière en cette matière.

Méthodologie

L’une des forces de l’enquête ELISE réside dans le fait de prospecter personnellement un échantillon représentatif de la population liégeoise âgée de plus de 15 ans.

Le fait de consulter des personnes tirées au sort présente l’avantage de ne pas compter uniquement les avis de personnes, initialement, intéressées par le sujet. L’échantillon est alors plus représentatif de l’avis général.

Pour l’enquête 2022, ce sont 9.620 Liégeoises et Liégeois qui ont été sélectionnés afin de constituer un échantillon représentatif de la population totale (âge, sexe, quartier).

L’enquête leur était adressée via un courrier postal qu’ils pouvaient renvoyer par la poste (port payé) ou en ligne.

L’analyse des résultats a été réalisée par les agents du Plan de Prévention de la Ville de Liège soutenus méthodologiquement par la société Incidence.

1877 réponses, courrier et en ligne, ont été reçues et analysées par la société Incidence qui a redressé l’échantillon afin qu’il soit représentatif (âge, sexe, quartier).

Il est intéressant de noter que très majoritairement les personnes ont préféré renvoyer leur questionnaire en version papier (1727) plutôt qu’en ligne (150). Le questionnaire comportait majoritairement des questions à choix multiple mais également quelques questions ouvertes.

15 agents du Plan de Prévention ont alors assuré l’encodage des réponses durant 30 jours avant de transmettre l’ensemble à la société Incidence pour analyse statistique et croisement de questions afin de vérifier les écarts observés entre les sous-groupes.

Au-delà de cette analyse statistique, le Plan de Prévention a ensuite décortiqué les données brutes pour mettre en lumière les données significatives au regard des différents phénomènes pris en compte dans le cadre de la politique de prévention et de sécurité.

Cette seconde analyse a permis d’identifier les points d’attention à soumettre aux Autorités communales.

L’enquête par questionnaire, pourquoi ?

Le choix de l’enquête par questionnaire suppose une bonne connaissance préalable des phénomènes étudiés. Cette technique quantitative présente de nombreux avantages :

  • le caractère systématique et standardisé des observations ;
  • la simplicité, la rapidité et le faible coût des opérations, comparativement à d’autres méthodes ;
  • la possibilité d’étudier des populations importantes ou de gros échantillons et de traiter les données obtenues statistiquement.

Pour l’enquête 2022, un item relatif à la perception de la problématique de la toxicomanie dans le centre-ville a été ajouté.
L’enquête liégeoise de sécurité poursuit plusieurs objectifs :

  • analyser la perception et les comportements des Liégeois en matière de sécurité ;
  • identifier et localiser les phénomènes générateurs d’insécurité dans les quartiers et au Centre-ville ;
  • dégager des pistes d’actions pour résoudre les problèmes identifiés.

Quelle perception les Liégeois ont-ils de leur quartier et de sa sécurité, quels phénomènes les indisposent le plus ?

Les réponses indiquées par les répondants confortent non seulement la politique de sécurité mise en place tant au niveau des services de la Ville que de la Zone de Police de Liège mais ils correspondent également aux phénomènes identifiés par la Police fédérale dans son Moniteur de Sécurité belge de 2021.

Perception:

De manière générale, les Liégeois apprécient fortement leur quartier. 

  • 57% d’entre eux y vivent depuis plus de 10 ans.
  • 78% des répondants lui donnent une note supérieure à 5/10. Les points positifs sont les commerces de proximité, l’accessibilité, le calme et les espaces verts.
  • La convivialité est également un point très apprécié par 70% des répondants. 
  • 87% des répondants entretiennent de bonnes relations avec leurs voisins.
  • 51% des répondants n’évitent aucun lieu de leur quartier en journée. Toutefois, à la nuit tombée, ils ne sont plus que 32%.
  • 59% des répondants considèrent que les transports en commun à Liège sont sûrs.

Focus sur le centre-ville

57% des répondants se rendent dans le centre au moins une fois par semaine majoritairement pour du shopping et /ou des loisirs. Toutefois, 49% des répondants considèrent que la sécurité s’y est détériorée au cours des 2 dernières années.
Les facteurs identifiés comme sécurisant (44-46%) dans le centre sont :

  • d’autres piétons
  • l’activité commerciale
  • la présence policière 
  • l’éclairage

Activités dans l'hyper-centre :

« Selon vous les événements culturels, sportifs ou festifs sont générateurs » :

  • 59% de convivialité et d’animation
  • 14% de nuisances
  • 9% d’insécurité

Pour les 15-49 ans, ces événements sont générateurs de convivialité. Pour les plus âgés, ils sont plutôt source de nuisances et/ou d’insécurité.  

Problématiques de quartier :

La sécurité routière et les incivilités liées à la propreté sont les phénomènes qui indisposent le plus les Liégeoises et les Liégeois.
Sécurité routière :
70% des répondants considèrent que la vitesse est excessive dans leur quartier et que la conduite y est agressive (66%). Le parking sauvage indispose 53% des répondants.
Incivilités liées à la propreté :
Ce phénomène est dérangeant pour 70% des répondants, de même que les déjections canines qui en indisposent 63%.
Drogue et mendicité :
Au niveau de leur quartier, si 51% des Liégeois n’ont pas été confrontés à des problèmes de drogue, pour les autres, la consommation visible (38%) et la vente (28%) constituent un problème. 

Perception des problématiques de drogue et de mendicité dans le centre :

Les Liégeois sont 78% à considérer que la mendicité est un problème et 72,5% à considérer que la drogue est une source d’inquiétude. Ils sont d’ailleurs 80% à avoir constaté des problèmes : consommation visible (67%), seringues (47%) et vente (46%).

Cette perception est plus prégnante chez les personnes qui fréquentent régulièrement le centre. 40% d’entre elles évitent parfois, souvent ou tout le temps certains lieux en journée. Ce comportement monte à 64% en soirée.

En conclusion : la drogue et la mendicité constituent les problématiques les plus importantes dans le centre-ville y compris pour ses habitants (67% drogue et 66% pour la mendicité) mais également dans certains quartiers limitrophes comme Outremeuse (66% drogue – 53% mendicité), St-Léonard (54% drogue) et Guillemins (34% mendicité). 

Des résultats contrastés :

Du point de vue de la sécurité, si la situation est plus calme en périphérie, cela n’empêche pas les habitants de redouter certains phénomènes.

Toutefois, un quartier comme Droixhe nécessite une attention particulière en regard des phénomènes qui sont pointés du doigt par ses habitants : drogue, attroupements, délabrement de l’habitat, bagarres et harcèlement de rue.

L’hyper-centre et les quartiers limitrophes concentrent de nombreuses problématiques urbaines tant pour leurs habitants que pour les Liégeois en général.

Résilience et solidarité

89,9% des Liégeois sont tout à fait ou plutôt satisfaits de leur vie sociale et 82,1% d’entre eux sont tout à fait ou plutôt satisfaits de leur vie.

87,4% des Liégeois ont de bonnes ou très bonnes relations avec leurs voisins. 85,8% peuvent, en cas de problème, facilement compter sur le soutien d’un ami ou de sa famille.

Si 70% des Liégeois considèrent leur quartier comme convivial, la situation de Sainte-Marguerite-Glain dénote puisque 43,3% des habitants pensent que leur quartier n’est pas convivial. Dans les quartiers d’Outremeuse et de Chênée-Grivegnée-bas (60,6%), les réponses se situent également en dessous de la moyenne.

Ces données peuvent alimenter la réflexion du Collège sur les infrastructures sociales et animations à développer dans les quartiers.

Exclusion sociale et vulnérabilité

Près de 40% de la population éprouve des difficultés à joindre les deux bouts.  Cette perception confirme les données de 2016. Au vu des crises récentes, une dégradation de la situation était attendue.

La difficulté à joindre les deux bouts se traduit par une moindre satisfaction de la vie en général et de la vie sociale. On constate également que cette difficulté dépend fortement du niveau de diplôme.

65% des personnes dans cette situation se sentent en mauvaise santé.

Si seulement 5,7% des Liégeois déclarent joindre les deux bouts très difficilement, dans le quartier Bressoux-Droixhe, ce chiffre grimpe à 11%! 

Sécurisation et aide aux victimes  

Sécurité à domicile

57% des Liégeois se sentent toujours en sécurité à leur domicile en journée. La nuit, ils sont 39%.

Près de 60% des répondants ont pris des mesures pour tenter d’éviter d’être victime. Le principal risque contre lequel ils se protègent reste le cambriolage (36,7%) même si ce phénomène est en diminution depuis 2016.

Les mesures prises sont d’abord comportementales, puis techniques et enfin électroniques.

C’est le sentiment de sécurité (28%) qui explique l’absence de mesures complémentaires pour les 40% restants.

Victimisation

34% des Liégeois ont été victimes d’un fait délictueux au cours des deux dernières années et les 2/3 de ceux-ci ont porté plainte.

Dans cette enquête, on constate que le fait d’avoir été victime teinte plus négativement les réponses de ces personnes.  

Satisfaction vis-à-vis de l'action policière

Sur les 447 personnes qui ont déclaré avoir porté plainte à la Zone de Police de Liège, ils sont plus de 50% à être satisfaits :

  • Accessibilité (66%)
  • Rapidité (56%)
  • Contacts téléphoniques (60%)
  • Le temps consacré au problème (63%)
  • L’attitude et le comportement des policiers (72%)

Dans la majorité des cas, les répondants n’attendaient pas de résultats suite à ce contact, ce qui explique qu’ils ne soient que 8% à en être satisfaits. 

Présence policière

25% des répondants considèrent que la police est présente ou très présente dans les quartiers, avec des disparités entre ceux-ci.

Chênée (11%), Sainte-Walburge (18,5%) et Angleur (18,7%), versus Droixhe (37%) et l’hyper-centre (42%).

Pour ce qui concerne l’hyper-centre, 67% des Liégeois considèrent que la Police y est présente.

Niveau de confiance envers la Police

83% des répondants donnent une note d’au moins 5/10 à l’item « confiance à l’égard de la Police locale de Liège ».

Perception des services de prévention de la Ville de Liège

Les Gardiens de la Paix sont connus par 59% des répondants, les éducateurs de rue par 32% et le service Fan Coaching est davantage connu à Sclessin.

Au regard de ces résultats, il serait utile de renforcer la communication autour du rôle des équipes de proximité, des médiateurs parentaux ou de quartier ou encore du manager des nuisances publiques.

Concernant les conseillers en prévention vol, ceux-ci sont mieux connus par les propriétaires.

Comportements en matière de sécurité

Les femmes ont tendance à adopter des comportements de protection et d’évitement face au harcèlement de rue dans leur quartier (23%), et ce chiffre grimpe à 66% lorsqu’elles sont au centre-ville.

Si 55% des femmes évitent certains lieux de leur quartier en journée parce qu’elles les jugent insécures, ce chiffre grimpe à 78% la nuit. Pour ce qui concerne les hommes, on est à 41% le jour contre 58% la nuit.

Le même constat peut s’appliquer à l’hyper-centre.

On remarque également que les femmes prennent des mesures de protection d’atteinte à la personne tandis que les hommes prennent des mesures de protection d’atteinte aux biens.

Par contre, les femmes ne sont pas plus victimes de fait que les hommes.

Profil des répondants

Les données d’âge, de sexe et de quartier ont été corrélées par la société Incidence. On peut dire que les répondants sont à :

  • 28,5% titulaires d’un diplôme de type universitaire, 22,3% supérieur de type court, 23% secondaire supérieur, 13% secondaire inférieur, 3,5% primaires et 3,1% sans diplôme
  • Composition de ménage : 30% couple sans enfants, 25% célibataire, 22,5% en couple avec enfants et 10% chez les parents
  • 57% de propriétaires
  • Type de logement : 52% habitation mitoyenne, 32% appartements, 2,5% kot 
  • Vie sociale : 90% évaluent positivement leur vie sociale
  • 86% peuvent compter sur un ami ou la famille en cas de problèmes.

Données socio-économiques

  • Statut professionnel : 42% de travailleurs, 34% de pensionnés, 7,2% étudiants, 5% en recherche d’emplois et 3% homme/femme au foyer.
  • 45% considèrent leur situation d’emploi sûre ou très sûre contre 18% qui la considèrent peu sûre ou pas du tout sûre.

Nationalité

  • 81% de Belges
  • 6% double nationalité
  • 6% UE
  • 4,5% hors UE

Conclusion

On remarque que les résultats de l’enquête ne diffèrent pas des éléments d’analyse utilisés par le Collège et les services de terrain pour répondre aux différentes situations d’insécurité rencontrées par les Liégeoises et les Liégeois. Ils se situent également dans une fourchette sensiblement comparable aux résultats de l’étude nationale de sécurité.

Le fait qu’une large majorité de Liégeois soit satisfait de son cadre de vie, des relations avec ses voisins et puisse compter sur un soutien familial ou amical en cas de problèmes, constitue un élément important du vivre-ensemble.

Toutefois, la dégradation du sentiment de sécurité dans le centre-ville représente un élément important qui, s’il peut être relativisé au regard des conséquences de la crise sanitaire et des travaux du tram, nécessite des réponses adaptées. Celles-ci pourront alors accompagner et amplifier la mise à disposition de la population des 50ha d’espaces publics rénovés.

L’impact de la crise de la drogue, à laquelle l’ensemble des grandes villes sont confrontées, ne peut être traité qu’à partir d’une prise en charge nationale s’articulant autour des 4 piliers d’une politique intégrée : prévention, réduction des risques, traitement, répression. Si la coordination de l’ensemble des acteurs locaux de la chaine de sécurité et de prise en charge est indispensable, elle ne peut, à elle seule, endiguer une dégradation de la situation de plus en plus visible au cœur des villes. L’augmentation des phénomènes de violences liés au trafic sort du cadre des compétences communales.

Dans un contexte financier et de recrutement tendu pour les pouvoirs locaux, le défi de la présence policière dans les quartiers doit également être intégré à la réflexion sur l’accès aux services publics de proximité.

La cohésion sociale est plus que jamais un élément à travailler et à développer dans un contexte où la perception des injustices ou l’importation de crises sociales extérieures peuvent avoir des répercussions rapides et violentes dans les villes.

Les quartiers mitoyens du centre-ville quant à eux doivent être préservés du refoulement des phénomènes insécurisants aux abords de l’hyper-centre. A cet égard, la mise en œuvre prochaine du nouveau plan de stationnement devrait avoir un impact important sur la perception des nuisances liées au trafic et à la pression automobile.

Enfin, on peut se réjouir du large panel de répondants dans la mesure où la variété des profils et des caractéristiques socio-économiques permet d’obtenir une image assez précise des phénomènes qui influencent le sentiment de sécurité des Liégeois.